Cycle à l’année : une histoire de la comédie américaine

Une histoire de la comédie américaine
Le ciné-club d’Emmanuel Burdeau

6 séances
Cluny Brown d’Ernst Lubitsch : jeudi 17/11 à 20h
The Reluctant Debutante de Vincente Minnelli : jeudi 15/12 à 20h
Rock-A-Bye-Baby de Frank Tashlin : jeudi 12/01 à 20h
Monkey Business de Howard Hawks : jeudi 16/03 à 20h
Some Like It Hot de Billy Wilder : lundi 24/04 à 20h00
The Ladies Man de Jerry Lewis : jeudi 25/05 à 20h

L’objet de ce ciné-club n’est pas toute l’histoire de la comédie américaine – cela ne serait pas raisonnable –, mais l’histoire de celle qui s’ouvre à la fin de la seconde guerre mondiale. Cette histoire dans l’histoire, nous la faisons commencer par une autre fin, le dernier film d’Ernst Lubitsch, réalisé deux ans avant la mort du cinéaste. Seul dans la filmographie, La Folle Ingénue / Cluny Brown permet d’entrevoir comment le maître aurait envisagé le monde d’après 1945 : avec quelle acidité, quel désenchantement actif, quel profond renouvellement de sa manière aussi. Et cette histoire, nous la ferons se poursuivre avec des merveilles signées Vincente Minnelli, Frank Tashlin, Jerry Lewis, Billy Wilder, Howard Hawks… Nous serons donc allés, grosso modo, du milieu des années 1940 au début des années 1960. Ceci pour la seule première livraison, car rien n’interdit d’espérer que d’autres, et de non moins merveilleuses, suivront.
Liste d’auteurs prestigieux, ô combien, mais films moins souvent montrés qu’on pourrait a priori le croire. Films parfois peu connus, à redécouvrir donc, voire à découvrir purement et simplement. Si Wilder et Hawks restent proches de nous, si Certains l’aiment chaud et Chérie, je me sens rajeunir nous restent familiers, on a bien souvent oublié l’importance qu’eurent non seulement le nom et les grimaces mais les films réalisés par Jerry Lewis dans les années 1960, l’influence que celui qui s’appela lui-même « the total Film-maker » eut, notamment, sur Jean-Luc Godard en personne, lequel avait déjà été, dans les années 1950, l’inventeur de l’adjectif « tashlinesque ». On sait mal que Minnelli a réalisé autant de comédies tout court que de comédies musicales, qu’il est aussi grand dans la première que dans la seconde, et grand par-dessus quand il s’agit de les mélanger pour donner naissance à une comédie où ce sont les avatars de la danse qui portent à rire. Et Frank Tashlin, pour en revenir à lui, dira-t-on jamais assez son génie, l’acuité de son regard sur l’entreprise américaine ou encore le rôle décisif qu’il joua dans l’introduction d’une comédie « au second degré », mettant en scène le cinéma, la télévision, la radio, les médias, faisant se précéder chaque récit d’une présentation ou d’une bande-annonce ?
Avec un tel programme nous voulons évidemment avant tout faire plaisir aux spectateurs de l’Eldorado, et les faire rire. Mais nous aimerions aussi faire avec eux un peu d’Histoire. Moins peut-être de la manière dont le comique fonctionne et dont l’hilarité est obtenue que de l’évolution que connaît la comédie dans le choix de ses sujets. L’avènement de la société de consommation ; le regret ou au contraire le rejet d’un ancien monde, moins voué au travail, plus aristocratique ; la vie pavillonnaire remplaçant celle des riches oisifs ; une société qui, se mécanisant, entraîne tout dans cette voie, jusqu’aux émotions ; une trivialité nouvelle… Autant de pistes qui devraient permettre de mettre en regard cette comédie avec celle venue avant elle – représentée, déjà, par Hawks et Lubitsch, mais aussi Cukor, McCarey et quelques autres – comme de défendre la thèse qu’à l’autre, l’une n’a en vérité rien à envier.
Emmanuel Burdeau