Un prince

Séance discutée avec Clément Schneider

Le parcours que l’Eldo et l’ACID* (ont envie de vous proposer conjointement s’apparente à une bal(l)ade en trois films. D’abord la ballade avec deux « l » comme la Ballade des pendus de Villon ou celle de la Mauvaise réputation de Verlaine. Soit donc des formes avant tout poétiques, mélancoliques peut-être, tragiques parfois, émouvantes c’est sûr. Mais aussi, balade à travers l’espace et le temps, qui parcourra la Russie de Poutine (How to save a dead friend de Marusya Syroechkovskaya), et ira, via un détour par l’Inde, jusqu’au pays de Caux en Normandie (Un Prince de Pierre Creton) en passant par la frontière américano-mexicaine (The soiled doves of Tijuana de Jean-Charles Hue).

Dernier rendez-vous :
Lundi 10 juin à 20h15
Un prince
De Pierre Creton. 2023. 1h22.

“ Chez Pierre Creton, le cinéma se confond avec la nature, se fabrique au rythme des saisons, des récoltes, se fraie un chemin hardi entre documentaire et fiction, y balise un terrain fertile, comme en autarcie ouverte, loin du mainstream greenwashé. Pierre-Joseph a la vie devant lui. Il n’aime pas trop la ville, surtout Yvetot, là où la campagne se défait, là où le désir se brouille. Le film nous raconte comment pousse cet homme en Pays de Caux, entre le lycée agricole et les dragues de plage côté Varengeville-sur-mer. Il y a des proches, des témoins, des voix bienveillantes (Mathieu Amalric, Françoise Lebrun) qui complètent nonchalamment le puzzle fragile d’une adolescence normande d’aujourd’hui. Un récit à la Guitry se met en place, s’enracine dans les corps filmés… Il faut cultiver son jardin.”

Né en 1989, Clément Schneider étudie la réalisation à la Fémis dont il sort diplômé en 2013. Après l’école, il fonde avec deux associées la société de production Les Films d’Argile afin de conserver indépendance et liberté dans son travail de création. Il devient ainsi producteur en plus de son métier de metteur en scène. En parallèle de ses activités de cinéaste, il travaille plusieurs années comme projectionniste dans différentes salles de cinéma où se forge son goût pour la transmission et le partage des films auprès des spectateurs. En 2018, son premier long-métrage Un violent désir de bonheur est sélectionné à l’ACID Cannes, puis dans de nombreux festivals internationaux, avant de sortir en salle. Il est, depuis 2022, titulaire d’un doctorat en études cinématographiques. Sa thèse de recherche-création s’intitule « Par ailleurs, le cinéma est une utopie. »

*L’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) nait en 1992 de la volonté de cinéastes de s’emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d’exposition et d’accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d’aller échanger avec les publics et revendiqué l’inscription du cinéma indépendant dans l’action culturelle de proximité.